- Était-ce bien toi, de chair et d'os et de sourire ?
Je n'osais songer combien tout était bel et bon. La nature elle-même semblait s'en émerveiller. Les arbres parlaient haut, basses branches coites et cime babillarde ; ils révélaient au ciel tutoyé que j'étais ivre de tout et de nous. Sous terre, tout bruissait pareillement. Le bavardage ronronnant des racines me chatouillait la plante du cœur.
Toute cette ivresse, vive et tranquille : ça ressemblait à de l'amour !
Pourtant, quand on n'en a jamais vu, comment savoir ? Dans ce cas, à la place de chérir, la main éprouve le contour à l'aveugle... et l'amour en profite pour s'échapper.
On devrait éduquer les humains à aimer plutôt qu'à réussir. L'amour s'en porterait mieux ; nous aussi.
De fait, l'amour se fit la belle.
- D'esprit, es-tu là ?
La folie s'envola de sa branche. Immédiatement l'arbre sentit l'infime différence. Les arbres savent beaucoup de choses que nous ignorons.
Les feuilles s'embrasèrent, avant de brunir, puis s'offrir au vent. Je sentis une goutte sur mon front ; je ris d'un rire que je voulais clair, et la pluie lava l'affront fait à ce foutu destin qui décidément ne voulait pas de mes facéties.
La vérité, c'est que j'avais ri dans le vide, car tu n'étais plus là, lassée sans doute de mes circonvolutions.
- Du cœur lointain, demeureras-tu ?
Pas à la folie ou passionnément, ni même beaucoup, mais un peu ? M'aimeras-tu seulement du bout du cœur ? S'il te piquait demain d'évoquer autrui et autrefois, est-ce que ce philtre des temps disjoints nous ressemblerait - vaguement ?
Trois questions, et le cil vacillant d'une réponse : retourne à tes plates-bandes !
Après le silence, le vertige : voilà une ivresse nouvelle.
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Quel texte puissant et léger à la fois.il y a de la poésie dans chaque ligne. J'ajoute que j'aime beaucoup le verbe bruisser..je reviendrais lire ce texte dès que possible tant il m'atteint
RépondreSupprimerBonsoir Sedna,
SupprimerJe suis à ce point touché que j'en suis muet.
Un mot tout de même : merci.
Geontran
Merveilleuse petite guitariste ! bravo, elle joue très bien et on sent qu'elle adore jouer. Merci pour ce texte sur l'éveil du printemps et le bonheur de voir la nature. Bonne soirée. Bises.
RépondreSupprimerMerci Elisabeth pour ces compliments distribués. C'est vrai, elle aime beaucoup jouer, c'est une vraie passion. C'est je crois ce qui change tout, car les enfants contraints de jouer d'un instrument ne le font jamais avec joie et passion.
SupprimerBonne journée, ici la grisaille semble vouloir s'installer.
nouvelle lecture et toujours conquise. bravo à ta guitariste qui me ramène comme déjà dit , à ma fille qui faisait de la guitare plus jeune..
RépondreSupprimerJe te renouvelle mes remerciements émus !
SupprimerCoucou Pierre
RépondreSupprimerDécouvrir tes écrits c'est un peu vivre des aventures nouvelles avec toi, tu y parles de tout et de rien comme personne
Ta puce est une vraie artiste en devenir ;-) bravo à elle
Amitiés venteuses d'une champagne sous la grisaille
Merci Christine, c'est adorable. Tu vises juste, car si je devais caractériser mon écriture, je dirais que j'aime parler de tout et de rien... en même temps.
SupprimerToutes mes amitiés vers la Champagne certes grise, mais pas (encore) confinée.
"la main éprouve le contour à l'aveugle" , très belle phrase. Et si l'amour était çà, une capture par le sens du toucher et non de la vue. On frôlerait, caresserait, s'attarderait , reviendrait un peu en arrière, agissant comme le fait le lecteur, un livre en mains. Nous nous imprégnerions de cet amour comme nous absorbons l'énergie de l'arbre en le serrant dans nos bras. L'amour tactile....tout un programme ! Pour aimer la guitare, ne faut il pas savoir la toucher pour la faire vibrer. L'innocence d'une blondinette , son bonheur qui s'affiche de façon tout à fait spontanée en sont la preuve. Je te souhaite une belle journée , lumineuse, harmonieuse et tout en douces notes de musique.
RépondreSupprimerOui, l'amour c'est bien ça... aussi... et peut-être par essence. Sans doute intellectualise-t-on trop l'amour, comme d'autres choses. Nous aimons toucher, à l'aveugle, vibrer, sentir, être touché en retour avec retenu, confiance et doute. C'est pour ça que nous souffrons aujourd'hui de cette vie en gestes "barrières". Nous avons assurément besoin de nos cinq sens pour aimer, et plus simplement pour vivre.
SupprimerAllons ! Je te souhaite une douce, une tendre journée !
Pierre
Bonjour Pierre,
RépondreSupprimerQuel merveilleux texte auquel je ne reste pas insensible. Je l'ai lu deux fois comme un poème. C'est si beau de décrire le renouveau de la nature et quel bonheur d'écouter ta petite guitariste, c'est magnifique.
Bisous et bon mercredi.
Merci Denise. C'est ainsi qu'il doit être lu ! Ou plutôt non, le lecteur est libre : c'est ainsi qu'il a été écrit en tout cas.
SupprimerBonne journée, entre photos et écriture, les fleurs partout écloses alentours.
Pierre
On a voulu mettre un mot , on a trouvé "l'amour", mais on n 'a rien trouvé du tout, on n'en a pas la chair, ni l'esprit, juste un mot, un fantôme que l'on cherche à l'aveugle comme tu dis...On en a , comme pour les arbres, le bruissement, un léger souffle, une ramure parfois, un amour-idée, un amour-elfe, insaisissable et léger...
RépondreSupprimerChère Capucyne,
SupprimerJ'aime infiniment ce que tu écris : on n'a rien trouvé du tout. C'est vrai, et c'est tant mieux ! Les amoureux sont des chasseurs de fantômes, sourire flottant.
Belle et douce journée !
Pierre
...et comme toujours, la petite Elfe qui nous frôle d'un murmure et de son si joli ,sourire !...
RépondreSupprimerMerci ! Elle prend goût aux compliments !
SupprimerSe laisser chatouiller la plante des pieds
RépondreSupprimerpar l'envol léger d'une feuille buissonnière
et savoir que l'amour des fleurs
est un fruit naturel qui se cultive en plate-bande
en savourant l'offrande des caresses du vent.
Dama Nature a tant de chose à nous apprendre !
Bonjour,
SupprimerMerci de passer ici et d'y déposer ces vers libres et délicieux. Oui, la nature nous apprend tant de choses, d'elle bien sûr, mais aussi de nous-mêmes.
Au plaisir de vous lire, comme on chante un joyeux début d'alphabet !
Geontran
S'enivrer de tes mots la plus exquise des ivresses. L'évoquer ce possible, au moins garder l'espoir à défaut de savoir. Et la jeune fée musicienne nous ré-enchante à la fin, et nous offre ce sourire si charmant un tantinet mutin : Dis papa c'était bien ? Une douce soirée Pierre.
RépondreSupprimerMerci Maryline !
SupprimerTu décodes parfaitement les sourires, car c'était exactement ce qu'il signifiait. Même si la jeune fée a toujours l'impression que ce n'était pas satisfaisant. Ma cadette est d'une humilité parfaite, et n'a aucun conscience de ses talents. Elle n'en est que plus charmante, bien sûr.
Je te souhaite une belle, pimpante et printanière journée, à contre-courant de l'ambiance des temps confinés.
Pierre
A savourer sans modération, merci.
RépondreSupprimerSans modération : comme c'est bien résumer l'ivresse qui habite ces lignes. Merci !
SupprimerBon week-end au soleil retrouvé.