dimanche 13 octobre 2019

(D)écrire




Je suis incapable de vous décrire mon jardin. Par contre, je crois pouvoir vous l'écrire. 

Oui. Ici, sur cet espace de bric et de blog, je vous ai écrit mon jardin. En pointillés, avec quelques guillemets et beaucoup de parenthèses.

En lieu et place des perspectives des plates-bandes et des allées, je vous ai invité(e)s à parcourir mes perspectives de jardinier, et avec elles mes rêves inachevés, mes projets avortés, suspendus, en progrès ; sans oublier quelques états d'âme, défaites amères et blessures ensevelies

Pour faire bonne mesure, nous avons partagé cet infime supplément de courage, ce souffle d'air mi-tiède mi-frais qui apaise les plaies d'une terre abîmée, fissurée, usée par la sècheresse, les orages, les déceptions et les renoncements.

Je suis un amoureux du jardin. Et j'ai été jadis un amoureux sans jardin. 

À l'époque, je cultivais mes fleurs dans mes seules lettres d'amour. Je truffais ma correspondance d'images et d’emphase ; à défaut d'avoir la main verte, j'avais la plume végétale. Entre une majuscule et un point, au milieu des mots, j'ai toujours trouvé de la place pour glisser quelques graines de Nigelle gracieuses, comme je le fais à présent dans mes massifs - et pour habiller mes silences.

C'est étrange, comme les vases communiquent : il y a dans mon jardin d'aujourd'hui un peu de mon amour d'hier. Je le cultive, la mémoire précieuse et le geste tendre, et il renaît chaque année entre un iris et une jonquille.  

Ainsi, cette flammèche qui ne brûle plus réchauffe toujours. 

Et surtout, depuis maintenant une décennie, elle couve - vive, preste, vivante ! fidèle comme une tulipe botanique ! Elle fut à chaque instant de ma vie une lueur vacillante, sans que jamais je ne craignisse qu'elle ne s'éteignît.  

Elle fut une lueur rassurante au moment de certains crépuscules un peu trop grands pour moi.

Parce que jardiner, c'est espérer. Forcément
C'est pleurer un peu et rire souvent.
C'est espérer fort, tout doucement.
Espérer, comme on murmure aux pétales des fleurs.
Comme on froisse un feuillage abîmé.
L’œil offert au vent qui se lève dans notre dos.
L'émerveillement en bandoulière,
Le printemps au bord des lèvres. 
Même - surtout - quand notre propre printemps est passé.


Un pelargonium éclaire mon automne vacillante


Il y a bientôt douze ans, j'écrivais : le voile des cieux est étoilé d'être le toit de ton regard.  

Formule devenue, par la grâce de quelques rides et chemins de traverse : le voile des cieux est étonné d'être le toi de mon regard. 

Pourtant, dans le creux de chaque accès de tristesse, il y a une pincée de nostalgie heureuse, pour faire rire mes yeux, pour me rappeler combien j'ai eu tort et raison à la fois. 

Et puis...! Quatre petites têtes ébouriffées achèvent - qui d'un cheveu sage, qui d'une mèche rebelle - de consacrer une pensée : je ne veux rien changer au jour qui se lève. Je n'y toucherai pas, ni d'un détail, ni d'un hier. Je le veux intact et riche de ses faiblesses - qui précisément nourrissent la surprise d'un éclat singulier.

J'aime jardiner, et j'aime vous l'écrire.
J'aime, infiniment, vous lire.
Vous lire et vous relire. 
J'aime vous lire infiniment.
Car c'est un manteau chaud qu'offre l'automne à l'hiver. 

À bientôt !
Geontran.

(Ce blog reviendra au printemps (et peut-être avant... ou après) sous une forme un peu plus descriptive : l'âge du jardin à présent l'autorise.)



Salvia japonica, éclaire l'ombre pleine

Balamcanda chinensis, et ma terre est orange comme un ciel bleu !

Gillia capitata et Foeniculum vulgare 'Purpureum', bleu sur noir et grâce sur grâce

Mes ipomées veillent sur 'Lili Marleen'
"Flowers in progress" ; perspectives nouvelles et plantations à venir !



Vol au-dessus d'un lit de fougères : Fuchsia 'Blue Sarah"

Quand l'automne se fait printemps des cœurs et des fleurs

'Lady in black' et 'Asran' au loin ; la colline aux asters...

Bienvenue au mariage des évidences : isodon & chrysanthème

Vénéneuse et volubile beauté : aconit grimpant (Aconitum arcuatum BSWJ 774)
Casque bleu : Aconitum carmichaelii 'Arendsii'



Hydrangea serrata 'Toza Misuzu' ; quintessence de la finesse
Saxifraga fortunei var. incisolobata 'Momosekisui'. Ouf !


Nous reviendrons quand l'eau aura coulé sous les regards enamourés...!





 

Au pied du camphrier

Chères lectrices, lecteurs, Après bientôt quatre ans, agapanthes & camphrier va fermer sur ces dernières lignes. J'ai décidé de mig...