vendredi 6 septembre 2019

Chercheurs d'Or(chidées)

Orchis purpurea, végétal précieux


Ma cadette et moi sommes chercheurs d'Or.

Nous passons chemins, forêts et pelouses au tamis de nos yeux émerveillés.
 
Ma cadette et moi sommes chercheurs d'Orchidées. 

Nous ne nous lassons jamais de chercher, explorer, sonder... et découvrir. Nous connaissons l'étincelle qui précède l’indicible bonheur de la trouvaille ; le feu doux et crépitant qui la suit ; la paix qui l'achève.

Nos orchidées ne sont pas de celles que l'on vole aux arbres tropicaux pour agrémenter nos vérandas. Nos orchidées sont indigènes : elles naissent et s'épanouissent dans nos terres, sous nos climats. Elles sont sauvages, surprenantes, fidèles et joyeuses. Elles vivent à nos pieds et sous nos nez, parfois jusque dans nos jardins, entre deux adventices ! Il faut apprendre à les connaître pour un jour les reconnaître, les deviner à leurs toutes premières feuilles

Naissance d'un Orchis : un joyau dans sa boîte



Mon premier contact avec une orchidaceae : Orchis purpurea


Dans notre département de l'Essonne, un petit peuple d'orchidées sauvages anime la nature d'un charme insaisissable. Il nous offre un bonheur simple, faits de joyaux aux noms enchanteurs : ici, une pépite d'orchis brillant parmi les feuilles ; là, quelques paillettes d'ophrys illuminant une pelouse sèche. 

Au moment de rentrer nous coucher, ma cadette et moi avons le rêve aurifère ; nous sommes un peu botanistes, un peu alchimistes. Nous avons appris à transformer la sève en or - d'une trouvaille, d'un regard, d'une joie - en même temps que le plomb en fleur, les rides en sourires, l'esquisse d'une lassitude en jeunesse éternelle. 
 
Les orchidées se révèlent sans se presser, offrant à chaque seconde de compter, à cheval entre l'instant et le moment, en équilibre au-dessus d'une mer de rêves. Elle peuvent se replier dans leurs bulbes plusieurs années durant avant de revenir embellir notre présent. De leurs courbes insolentes, elles soulignent l'empressement idiot avec lequel nous consumons le temps. 

Nerval écrivait : "le bonheur passait, il a fui !" 

Les orchidées sont le bonheur immobile devant lequel nous pouvons (enfin) cesser de fuir.





(Mon goût pour la reconnaissance végétale est né d'une rencontre avec un Orchis. C'était à deux pas de chez moi, et je n'aurais jamais imaginé découvrir pareil trésor sur un maigre tapis de pelouse rêche, égaré entre une route et un champ. J'ai été pris d'un vertige en réalisant que la flore de ma seule région était trop grande pour une seule vie. Je ne connaîtrai jamais qu'une infime partie des centaines de milliers d'espèces de plantes présentes sur cette chère vieille terre ! Certes. Mais pourquoi ne pas commencer par étudier la centaine d'Orchidaceae présentes sur le territoire de la France métropolitaine ?

Et maintenant, voici quelques paillettes, toutes récoltées à proximité de notre maison, pour sertir nos yeux de quelques rides de jeunesse et joie mêlées :


Dactylorhiza maculata

Dactylorhiza maculata, forme hypochrome

Au détour de mon jardin : Epipactis helleborine

Discrètement belle : Epipactis helleborine

Ma préférée ! Limodorum abortivum

Une sous-espèce pleine de grâce : Ophrys apifera ssp. trulli

On l'entend presque bourdonner ! Ophrys apifera

BZZZZZZZZZZZ

Si belle, si blanche, si pure ! Plathantera chlorantha

Ochis purpurea, prince des bois secs

Ochis purpurea, comment s'en lasser ?

(Magnifique) sous-espèce des terres acides : Dactylorhiza maculata ssp. ericetorum

Premier à son poste (ici en avril) : Orchis mascula

Comme pour éclairer la clairière : Orchis mascula

Ophrys apifera - et que vive la prairie !

Ma préférée, encore elle ! Limodorum abortivum

Et pour finir, l'étrangement beau, Himantoglossum hircinum
 )

17 commentaires:

  1. Magnifique inventaire ! Je n'en croise que rarement, ou bien je n'ai juste pas l’œil du "chasseur d'orchidée" ;)
    Au jardin, j'ai pu installer deux variétés sauvages, une de chez moi (Bretagne), à fleur blanches légèrement rosé je crois (elle n'a pas fleuri cet année, trop chaud :/ ) et une verte (de Normandie), le Listère à feuilles ovales.
    Je continue d'ouvrir l’œil, et peut être que j'aurai la chance d'en croiser d'autres, en attendant merci pour le partage des votre !
    Bon week-end !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. "cette année" pas "cet" :O oups !

      Supprimer
    2. Merci !

      Ah, pour une fois, nous, promeneurs d'Île de France, n'avons pas à envier nos pairs bretons : s'il y a une famille de plantes sous-représentée en Bretagne, c'est bien celle des orchidaceae. Le top, en la matière, c'est la Corse !

      Mais je suis sûr que tu en croiseras d'autres. Et le changement de climat auquel nous assistons vous apportera certainement son lot d'orchidées. Il faut bien voir le verre à moitié plein, n'est-ce pas ?

      Amitiés bretonnes expatriées.
      Geontran.

      Supprimer
  2. Bonjour Géontran!
    Une phrase toute faite...mais pas dénuée de sens, bien au contraire! "Chercher, c' est trouver"
    Vous avez cherché à quatre mains, deux coeurs à l' unisson pour un incroyable trésor!
    A grand renfort "d' images" faciles, on nous fait croire qu' un trésor est matériel, palpable, solide; que sa richesse enrichit, que sa beauté égale en tout point sa valeur marchande. Celui qui en possèderait quelques fragments, serait assuré de ressentir joie et fierté, de voir changer son existence...mais pour combien de temps?
    Vivre dans la peur de perdre ce trésor convoité, envié ou jalousé, quel vertige!
    Il ne saura jamais, ce "chanceux", qu' il suffit de quatre
    mains et deux coeurs à l 'unisson pour bouleverser une vie et la rendre riche à l' infini. Il se trompe ce "chanceux", il ne possède rien de ce qui retient cette vie, rien de ce qui la prolonge,rien de ce qui émeut encore, à chaque rencontre comme la première fois, un trésor si fragile en apparence, et pourtant...car après nous, les espèces sauvages resteront des trésors à découvrir.
    Quand je pense qu' il suffit de regarder ce que notre terre possède, là, sous nos yeux et que moi, JE ne vois pas toujours ces trésors...Merci aux Quatre Mains!
    Je ne me sens pas encore riche, il me faut chercher un peu, mais je ne désespère pas de trouver!
    Bises,
    Carole.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Carole,

      À deux cœurs, toujours ! C'est là, tout simplement, le plus beau des trésors. Chercher ainsi, c'est assurément trouver.

      Et quel plaisir d'exercer nos yeux, jusqu'à voir, sur un même talus, année après année, de plus en plus de choses. C'est presque vertigineux. Le printemps prochain n'a qu'à bien se tenir !

      Amitiés,
      Geontran.

      Supprimer
  3. Bonjour Geontran, la lecture de tes mots est un vrai bonheur. Le bonheur et la joie pour toi avec ta fille cadette de chercher et trouver ces magnifiques orchidées. Quelle richesse et de merveilleux trésors.
    Bon dimanche avec mes amitiés.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci Denise, du fond du cœur.

      Si je peux resituer par mes mots un tout petit fragment du bonheur que je ressens, alors que je suis encore un peu plus heureux !

      Bon week-end,
      Geontran.

      Supprimer
  4. Quels trésors près de chez toi ! j'aime aussi les orchidées au détour d'une prairie, mais je n'en ai jamais vu autant de variétés !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ah ça, oui, le coin est d'une grande richesse ! J'aime beaucoup mon p'tit coin d'Essonne, à la croisée de nombreux et différents biotopes !

      Amitiés,
      Geontran

      Supprimer
  5. Coucou Géontran
    Flute, je viens de me rendre compte que je ne reçois plus les notifications de tes nouvelles parutions, je vais m'enquérir de ce problème sur le champs non mais
    Ta collection ferait rêver les plus grands collectionneurs, voir autant de beauté en un seul lieu c'est presque incroyable, irréel
    Les orchidées sont des plantes et des fleurs sensibles aux bouleversements, aux labourages indélicats et aux bétonnage qui font disparaître leurs jolies fleurettes au profit de rues et d'immeubles, croisons les doigts pour que ces dernières puissent regagner un peu de la place qu'elles ont perdues, après tout elles sont tellement belles
    Des bises

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Chris,

      En tout cas, ça me fait plaisir de te lire à nouveau ici ! Les orchidées sont effectivement très sensibles. Si nous avons la chance d'en voir autant autour de chez nous, c'est grâce à l’investissement considérable des associations d'orchidophilie pour préserver des biotopes favorables. Désormais, nous y participons ; c'est notre petite pierre à l'édifice !

      Pourtant, on continue de voir des imbécilités sans nom. Par exempple, notre principale station d'Ophrys, à laquelle je dois mes plus belles observations, a été tondue par les services de la ville voisine, en plein pic de floraison, quatre jours après notre passage ! Comme un vulgaire carré de pelouse ! Nous étions scandalisés et avons écrit à qui de droit. Heureusement, le Ministère de la transition écologique avait eu le temps de les recenser. Il y avait 126 pieds, d'une espèces et deux sous-espèces distinctes ! Ils seront à présent protégés par une signalisation spécifique. Ouf !

      Bises !

      Supprimer
  6. Bonjour, mon cher Geontran,

    Je te remercie pour ce beau billet qui a réussi à me faire décocher un sourire ! Les orchis et ophrys sont des bijoux de la nature qui m'enchantent...hélas je n'ai eu la possibilité d'en voir qu'un seul pied de toute ma vie ! Alors autant te dire que ton billet m'a littéralement transportée ; je me suis presque imaginée pouvoir les effleurer du bout de mes songes. Encore merci à toi. Je t'embrasse bien affectueusement.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour chère Istariel,

      Si j'ai pu t'offrir un sourire, c'est que j'ai bien fait d'écrire cet article. Et tu n'as pas rêvé (ou plutôt si) : tu les as bien effleurées du bout de tes songes, nos précieuses orchidées.

      Si un jour tu passes par l'Île de France, à la saison favorable (d'avril à juin particulièrement), n'hésite pas à me faire signe : je te ferai faire la tournée de mes plus belles stations. Les orchidées sont de fidèles vivaces ; elles seront au rendez-vous.

      Je t'embrasse affectueusement en retour.
      Un tendre sourire et toute mon amitié,

      Geontran.

      Supprimer
  7. Bonjour Geontran, je n'ai jamais vu de telles beautés par ici! Notre terre bretonne n'accueille donc pas ce genre de plantes? J'ai offert une année, une orchidée de jardin, le cadeau avait tant plu, qu'une autre était venue lui tenir compagnie. En as-tu planté dans ton jardin ou la chasse aux trésors est-elle plus délectable :-) Bon dimanche sous le ciel bleu! Bises Geontran

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Nathalie,

      La Bretagne est plutôt pauvre en orchidées, par rapport à beaucoup d'autres régions françaises. Spécialement le Finistère - désolé ! Néanmoins, plusieurs genres et espèces y vivent. Certaines espèces y sont même communes (les listeras, les epipactis). Tu pourras donc en rencontrer au gré de tes balades, pour peu que tu exerces tes yeux à les repérer : à la différence de leurs cousines tropicales, nos orchidées sont souvent discrètes. Pourtant, lorsqu'on s'en rapproche, leur incroyable floraison révèle un charme qui n'appartient qu'à elles !

      Bonne semaine sous une météo un peu plus automnale, Nathalie !

      Supprimer
  8. C'est vrai qu'il y a beaucoup de variétés d'orchidées, je ne les connais pas toutes, il y en a trop. La variété vendue dans tous les magasins de fleurs et supermarchés est belle mais pourquoi ne s'en tenir qu'à elle seule ? Et toi qui connait le nom de toutes les orchidées sur tes photos c'est formidable. Je crois en reconnaître 2 ou 3, c'est tout. Bon après midi et bonne continuation à regarder les fleurs dans la campagne, elles sont si belles.

    RépondreSupprimer
  9. Chercheurs d'orchidées ? Mais quelle belle idée et comme elle va bien à ces deux cœurs en unissons ! Pas été avertie de ce billet non plus, je vais de ce pas me réinscrire. Je suis absolument ignare en orchidées, longtemps je n'ai pas aimé ces fleurs que l'on trouve partout à acheter au moment des fêtes( de mères, à Noël, à Pâques ou à la Trinité,), justement parce qu'on les voyait partout. C'était faire peu de cas de la personnalité de chacun chacune que d'en offrir à mon sens. mais les tiennes elles sont si différentes, si graciles, si poétiques. J'ai la fâcheuse habitude de regarder plutôt en l'air qu'au sol, tu ne seras donc pas surpris qu'elles me soient si inconnues ici les sauvageonnes, même si elles se font rares comme tu nous le précises en Finistère. Je leur trouve un petit faux airs de famille avec les acanthes en leurs hampes florales. Si l'une d'elles croisait cependant mon chemin nul doute que j'aurai une tite pensée pour les deux chercheurs d'orchidée de l'Essonne. Beau week-end Geotran et à plus.

    RépondreSupprimer

Au pied du camphrier

Chères lectrices, lecteurs, Après bientôt quatre ans, agapanthes & camphrier va fermer sur ces dernières lignes. J'ai décidé de mig...