lundi 17 septembre 2018

Les saveurs du lundi

Aujourd'hui, j'ai décidé de partager avec vous une recette qui m'est chère. Il s'agit de mon célèbre velouté de lundi au dimanche. 


achillée et tanaisie sur soleil couchant
Un dimanche couchant...

Comme nombre de mes recettes, je la tiens de ma famille. Pas de ma grand-mère, comme souvent, mais de mon jeune, impétueux et adorable fils. Oui, je la tiens de mon tendre petit chef, qui la tient lui-même de son amour de la vie. Nul ne sait cuisiner les lundis comme lui ! 

Cette recette, bien sûr, vous pouvez l'adapter à votre goût, ou même l'oublier si vous n'en avez pas l'utilité. Certains n'ont pas besoin de recette pour accommoder leur lundi, là où d'autres, comme moi, ne refusent pas un petit coup de pouce au moment de plonger dans le bain glacé de la nouvelle semaine.

Du lundi...


Vous l'aurez deviné, l'ingrédient de base de notre recette est... le lundi. Tout simplement ! Vous noterez que c'est un ingrédient particulièrement disponible et bon marché. D'ailleurs, je le trouve un petit peu trop disponible, ce lundi. J'ai l'impression de le voir chaque semaine. Pas vous ?


roseaustin lady of Shalott
Arrosons donc ce lundi ! (David Austin - Lady of Shalott)

Choisissez un lundi conforme à sa réputation : l’œil triste et le teint terne, au morne dessein et porteur du germe de l'ennui. Un peu comme... aujourd'hui, par exemple ! Aujourd'hui sera parfait ! Maintenant, prenez votre lundi dans vos mains, fermement, sans détourner votre regard de son aspect peu engageant.

Ne le grondez pas, c'est inutile : votre lundi n'a pas choisi de l'être. S'il avait eu le choix, il serait certainement devenu un dimanche ensoleillé ou un samedi oisif. Mais le destin avait d'autres projets pour lui, alors il n'a eu d'autre choix que de se glisser dans son costume sombre et étriqué. Pas étonnant après ça que votre lundi soit déçu et revanchard !

À présent, secouez-le doucement pour le débarrasser de ses ornements maussades. Ayez la main toujours tendre. Passez-le sous l'eau de pluie, délicatement, comme vous rinceriez un légume du jardin. À bien y regarder, vous verrez briller derrière sa peau terreuse la noblesse de son cœur.

Y a-t-il un dimanche sous ce lundi ?

...Au dimanche

 

Maintenant, il va bien falloir le cuisiner, ce lundi. Pour cela, un seul ingrédient suffit. Un seul, oui, mais pas n'importe lequel ! Une épice à la saveur inimitable, acidulée, douce et salée à la fois. Cet ingrédient, cette épice, c'est la fantaisie ! Attention, cependant : elle doit être de premier choix et d'une fraicheur irréprochable. L'idéal est de la récolter le dimanche soir, car c'est à ce moment qu'elle rayonne avec le plus de force.

Oui, le premier secret d'un lundi réussi, c'est un dimanche soir serein et joyeux.

Si l'on n'y prend  pas garde, le dimanche soir est souvent annonciateur du lundi. Et oui... il faut donner le bain aux enfants dès la fin de l'après-midi, préparer les cartables en avance, etc. Bref, il faut entrer dans son lundi avec une douzaine d'heures d'avance. C'est fâcheux.


carolyn knight rose by david austin
Dans le creux de notre main, la fantaisie (Carolyn Knight Rose - David Austin)


Notre recette consiste précisément à éviter ce piège. Ainsi, dès que frémissent dans l'air les premiers signes du lundi, le fiston me prend la main et m'entraîne au jardin. Nous filons courir entre les plates-bandes en riant, les boucles offertes au vent. Nous nous émerveillons de la beauté des roses, ramassons quelques carottes pour le dîner. 


roses ancienne andrée eve minerva
Belle comme un dimanche : Minerva (Martin Vissers 2004, distribuée par André Eve)


Nous récoltons la fantaisie en même temps que nous la semons. Nous en remplissons nos poches, nos pupilles et papilles, notre cœur, nos rêves à venir. Surtout, nous nous amusons. Nous jouons comme seuls jouent les enfants ; nous jouons sans aucune préoccupation de l'heure qui suit.

C'est de cette fantaisie qu'il faut parfumer chaque lundi. 

Pour la dose, je vous laisse juge : à chacun sa sensibilité, son goût, ses envies, ses couleurs ! Certain vont la saupoudrer, la main légère et le cœur joyeux. Moi, je vide le pot. Et je m'assure ainsi de commencer la semaine légèrement, le sourire de mes meilleurs songes accroché à mes lèvres.


Cultiver ses dimanches... (Physostegia virginiana 'Van Wassenhove', rudbeckias, Crinodendron hookerianum en pot)

Armé de son imagination, on peut déceler dans le plus ingrat des lundis un arrière-goût de dimanche.

Enfin, pour affirmer cette saveur, il suffit de répéter l'étape 1, celle du dimanche, sans relâche. À peine rentré chez soi, le lundi soir, il faut sortir, rire, cueillir, sourire et chanter, danser sans far, danser de joie.

Car le second secret du lundi réussi, c'est le lundi lui-même.

À présent je vous laisse : je dois profiter de mon lundi...




16 commentaires:

  1. Coucou Géontran
    Sans nul doute une recette à tester et à conserver pour l'utiliser chaque fois que c'est nécessaire... on rajoutera juste de l'amour et beaucoup, beaucoup de joie pour contrer les effets nocifs des épines griffues qui ont l'habitude de perturber le cheminement des jours
    Belle et douce fin de journée

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Coucou Chris !

      Pour l’amour, tu as infiniment raison. Au fond, c’est le seul ingrédient vraiment nécessaire, au même titre que l’air que l’on respire. D’ailleurs, je crois en y pensant qu’il n’y a pas une seule ligne de ce blog qui n’en contienne ! L’amour prive les obstacles de leurs épines. Comme les rosiers quand on sait les soigner sans les contrarier.

      En retour, douce et belle fin de journée !

      Supprimer
  2. Oh! Geontran! Comme ta recette du lundi me ravit et tes mots m'enchantent. Tu écris si bien tous ces moments de bonheur auxquels il ne faut pas passer à côté. Les enfants savent si bien nous rendre heureux. Admirer une fleur avec son petit, c'est la joie dans le coeur avec beaucoup de complicité ce qui fait que la vie est belle. Un grand merci.
    Douce soirée avec mes amitiés.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Denise,

      C'est un très grand plaisir pour moi de partager ces moments de bonheur. Je crois profondément au charme de l'instant. Admirer une fleur avec son petit, comme tu l'écris, c'est exactement ce pourquoi mon cœur bat.

      Je te souhaite une très jolie journée, pleine de ces moments de bonheur.

      Supprimer
  3. Réponses
    1. Alors j'ai bien eu raison de la partager !
      Belle et douce journée, Nanie.

      Supprimer
  4. une recette à copier sans modération, même si ici , pour ma part, dimanche, lundi, etc...se suivent et se ressemblent! et les cartables ont disparu depuis longtemps de la maison..à chaque âge ses bonheurs, n'est ce pas?
    ce qui me ravit, c'est que mes enfants devenus adultes, s'intéressent au jardinage, hélas, à leur niveau de citadins..mais les balcons et les courettes ont du bon :-)
    embrasse les petits aux boucles blondes de ma part..
    bon mardi!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, c'est exactement ça : à chaque âge ses bonheurs. Et même plus : il n'y a pas d'âge sans bonheur.

      Que tes enfants fleurissent les villes, à leur mesure, est un cadeau qu'ils se font. Et qu'ils font à la nature, qui a bien besoin de reconquérir ces enchevêtrements de béton que l'homme a construit sauvagement.

      J'embrasse le boucles sans faute,
      Bon mercredi !

      Supprimer
  5. Peut-être que je me trompe, mais je trouve ton retour sur la toile différent... Aujourd'hui il y a une pointe d'humour et de joie :-)

    C'est marrant que tu nous parles de cette recette, parce qu'hier soir je me suis arrêtée de courir dans tous les sens et je me suis dit que j'avais le droit d'aller un peu flâner au jardin, arroser mes quelques semis… Cette fois c'est mon petit qui m'a suivi ;-)

    Je ne connaissais pas "Carolyn Knight Rose", j'adore.

    Bon mardi ;-)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Non, je crois que tu ne te trompes pas. J'ai gagné en sérénité maintenant que je sais - un peu - où je vais. Et chez moi, la sérénité s'accompagne toujours d'un très grand besoin de sourire ! C'est un sentiment que j'ai envie de partager et je suis ravi qu'il apparaisse derrière mes lignes !

      Je lis aussi que tu passes des lundis plus tranquilles, et ça me fait très plaisir. C'est sûr, tu as le droit de flâner dans ton jardin à un rythme de contemplation, de t'y balader, de ci, de là, au hasard de tes simples envies. Comme l'arrosage de quelques semis ! Sans objectif précis, sans y travailler. Avoir un jardin fleuri, c'est aussi se faire le cadeau de pouvoir s'y attarder paisiblement.

      Je te souhaite un doux mercredi, Estelle.

      Supprimer
  6. Bonjour Geontran,
    tu sembles joyeux pour un lundi de reprise de travail pour une longue semaine! Pour ma part, je suis en décalage! Le lundi, je suis encore en week-end, le samedi est mon dernier jour de labeur...Goûte chaque seconde de ta recette et qu'elle nourrisse ton coeur de ces bons petits bonheurs du quotidien. Bon jour du mercredi!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je te confesse que mes lundis n'ont pas toujours été aussi joyeux... Je dois m'assagir - un peu - en même temps que je m'enracine dans une vie de sourires !

      Pour toi, ce sera la recette du mardi au lundi. À un jour près, ce sont les mêmes ingrédients !

      Supprimer
  7. J'ai oublié! ton physostegia van wassenhove est de toute beauté :-)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je l'adore. Il commence sa floraison en même temps que les asters ; et elle dure, dure très longtemps ! Par ailleurs, il grandit très vite : mon spécimen était tout petit lorsque je l'ai planté... au printemps de cette année. C'est une super vivace, rustique en diable et d'un rose unique.

      Supprimer
  8. Françoise de Marilles19 septembre 2018 à 11:51

    Bonjour, êtes vous bien certaine que le rosier Minerva soit une obtention d'André Eve? la seule obtention que je connaisse de ce nom est de de Monsieur Vissers.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour et merci de cette correction.

      C’est effectivement une obtention de Monsieur Vissers, distribué en France par André Eve.

      Merci d’avoir rendu à Monsieur Vissers ce qui appartient à Monsieur Vissers !

      Supprimer

Au pied du camphrier

Chères lectrices, lecteurs, Après bientôt quatre ans, agapanthes & camphrier va fermer sur ces dernières lignes. J'ai décidé de mig...