Regardez, au fond, on dirait...oui, une petite fille ! |
Mais je m'égare. Nous disions : planter
un arbre et avoir un enfant. En ce qui me concerne, j'ai fait les choses
dans le désordre et commencé par vivre la merveilleuse aventure de la
parentalité. Plus exactement, je suis en plein dedans. Mes chères têtes
blondes occupent tout l'éventail de la prime enfance, des dix-huit mois
du benjamin aux presque onze ans de l'aînée. Je m'occupe d'eux avec
toute la tendresse dont je suis capable ; en retour, eux s'occupent
d'éparpiller mes certitudes aux quatre vents - pour mon plus grand bonheur. L'année
dernière, après douze ans d'appartement parisien, j'ai enfin connu la
joie d'acquérir une maison. Oui, une de ces maisons de village dans
laquelle la tradition veut que l'on élève ses enfants, au calme, loin de
la fureur bétonnée de la ville. Je l'ai choisie simple, ni neuve, ni véritablement ancienne - sensiblement de mon âge -, balafrée de quelques menues
cicatrices qui racontent sa terre aux profondeurs glaiseuses ; je l'ai aimée ainsi, discrète
mais chaleureuse, et accueillante avec sa cheminée et sa balançoire se
balançant au vent. Cela dans un jardin de rêve. Enfin, de rêve... Plus
exactement : un jardin que j'ai rêvé splendide.
D'autres yeux que les miens l'auraient vu tel qu'il paraissait : mal
entretenu, parsemé ça et là de quelques fleurs misérables tentant de
survivre parmi les thuyas ; en quelque sorte, le brouillon raturé d'un jardin mal peigné.
Mais moi, ce jardin qui allait devenir
mon jardin, je l'ai vu tel qu'il était, avec sa rivière en contrebas, sa
longue berge verte, sa terre fertile, son odeur d'humus, ses
expositions éclatées aux quatre points cardinaux. Je l'ai vu tel qu'il deviendrait, un écrin pour
mes chères agapanthes, l'hôte idéal d'un camphrier aux mille cabanes, un
faiseur d'hydrangéas rois ; j'ai imaginé ce que j'y bâtirai, un
escalier charmant, un jardin d'ombre et de pétales par dessus les épines, des allées
de gravier serpentant dans le parfum des roses, une haie gourmande, une
rocaille brûlante et colorée, un muret à habiller, un potager en
cascade, un bassin exotique, beau comme un défi au climat d'Île de
France. J'ai fermé les yeux et vu mes enfants y jouer et, entre deux jeux, apprendre à aimer les
fleurs, arroser les pieds des noires de Crimée, connaître les saisons, s'accommoder du temps qui passe, qui passe sans qu'on puisse le pousser
dans le dos ni le retenir par la manche, s'étendre dans l'herbe et ne
rien faire qu'écouter le vent caresser les
feuilles. J'y ai vu mes rêves d'enfant, enfin, que j'avais tus trop
longtemps ; et alors j'ai su que ce jardin, en plus d'être partagé,
serait aussi mon jardin (presque) secret.
Avoir un enfant, planter un arbre ; puis
regarder la vie s'épanouir ; créer un monde dans le monde, le rendre un
tout petit peu meilleur.
J'ai attendu quatre saisons pour
connaître mon jardin, une pleine année de sommeil, de réveil, de vie, de contemplation, d'observation, de curiosité et... de patience.
Au cours de cette année, j'ai regardé, découvert quelques pivoines,
supprimé quelques thuyas, rien ajouté ou presque. Pas encore, pas sans savoir les trésors cachés sous les feuilles. J'ai simplement planté un camphrier, une poignée d'agapanthes,
quelques dents de Kyoto pour me mordiller le regard - juste de quoi me
sentir chez moi.
Elatostema umbellatum a.k.a "dents de Kyoto" a.k.a "je couvre le sol en une saison, baby" |
Avoir un enfant, planter un arbre... à
présent, je crois que je peux écrire un livre. Agapanthes et camphrier : un jardin de fleurs, d'arbres à cabanes ; un paradis d'enfants joueurs et jardiniers. Et dans ce livre, raconter mes enfants, leurs merveilleuses bêtises et leur gentillesse fulgurante ; et, à la page suivante, réfléchir mon jardin, le dessiner, le construire, le photographier, l'exposer délicatement, pas à pas, plante
après plante, l'écouter de tous mes yeux, murmurer dans le
creux de sa terre ; et, à la page suivante, recommencer... Je le ferai ici, avec vous qui n'êtes pas encore là
pour me lire, mais dont j'espère que vous vous sentirez bientôt, dans ce
jardin virtuel, comme chez un ami.
Geontran.
C'est toujours agréable de découvrir de nouvelles aventures jardinières.
RépondreSupprimerVotre passage sur notre blog nous a permis de découvrir le vôtre et il nous sera plaisant de suivre votre petit monde.
Bonjour,
SupprimerMerci de votre passage chez moi. Les petits mondes font le monde meilleur, n'est-ce pas...? Votre jardin est de ceux qui ouvrent des perspectives aux débutants comme moi. Je m'y baladerai avec un constant plaisir. A bientôt !
Si peu de temps à passer sur une blogo que je délaisse en ce moment, mais là...je suis touchée en plein cœur. Au plaisir de lire la suite de vos aventures.
RépondreSupprimer*une douce journée*
Cécile
Et je suis à mon tour touché en plein cœur de te lire ici, chez moi, dans mon modeste jardin à peine né, qui n'a de commun avec le tien que l'audace de quelques coquelicots sauvages - et un je-ne-sais-quoi qui ressemble à un goût pour la poésie. Mais je ne cesserai de m'efforcer de lui donner quelque charme, au hasard de l'aventure botanique !
SupprimerUne douce soirée,
Au très grand plaisir de te lire en tes terres, et ici.
Geontran.
comme Cécile, je suis aussi étonnée par le ton bienveillant de ce début de blog et la sensibilité qui se dégage des mots de ce billet! (je viens de chez Aude)
RépondreSupprimercontinue (je te tutoie), et surtout tiens nous au courant de l'évolution de ton jardin!
je reviendrai avec grand plaisir!
bon mercredi
Je crois effectivement qu'il est d'usage de se tutoyer ! J'adopte derechef, pour te dire combien ça me fait plaisir de te lire évoquer sur cette page la bienveillance. Je ne cesse de constater combien les enfants sont naturellement bienveillants. Ils ne préjugent jamais des défauts de l'autre. Je crois qu'être adulte, c'est garder de l'enfance un peu de cette bienveillance, un soupçon d'imagination et une pincée d'innocence. Vraiment, merci. Je suis ravi de lire que tu reviendras !
SupprimerGeontran.
Tu aimes écrire et tu le fais bien. J'ai eu beaucoup plaisir à lire tous tes billets. Alors je m'abonne et au plaisir de suivre tes aventures jadinesques ;-)
RépondreSupprimerMerci ! Ça me touche beaucoup. Je crois que tu utilises le mot juste : le jardin est une véritable aventure. Les enfants, n'en parlons pas !
SupprimerEt l'aventure est le sel de la vie.
Merci de ton passage sur mon blog et de ton gentil commentaire, il m'a permis de découvrir ton blog.
RépondreSupprimerJe viens de lire tous tes articles et je me suis régalée de ta belle prose.
J'adore la manière dont tu parles de tes enfants, de ton jardin.
Je vais m'abonner à ton blog et le mettre dans mes blogs amis.
Bonne soirée à vous tous
Bonjour Sylvaine,
RépondreSupprimerJe suis très heureux de t'accueillir ici, dans notre jardin de plantes et d'enfance, de fleurs et de mots. Je m'efforce d'être l'interprète le plus juste possible de ceux qui me donnent la joie de vivre. Je suis très en dessous de la réalité, évidemment : mon jardin de rêve n'est qu'à l'aube de sa réalisation et mes enfants, eux, sont hors de portée de mes mots. Mais j'aime raconter les rêves et sentiments qu'ils m'inspirent : l'essence des choses, je crois.
Merci de suivre nos aventures. J'aime beaucoup ton blog et le suivrai également avec attention et surtout beaucoup de plaisir ! Je crois que si tu le permets j'y puiserai également par petites touches un peu d'inspiration... Je trouve ton clos merveilleux de naturel et d'harmonie mêlés. Il est tout ce que j'aime.
Je te souhaite une très douce soirée,
Geontran.
Bonjour Géontran
RépondreSupprimerAvoir un jardin s'est s'épanouir à la vie, ne plus se poser de questions (quoique) et ouvrir enfin les yeux sur la nature, se vider la tête et laisser vagabonder son esprit
Merci de ces jolies parenthèses que tu contes avec savoir
Belle et douce journée au jardin
Bonjour,
SupprimerEt merci à toi de venir les lire, ces parenthèses. Elles ne sont jamais aussi douces que lorsqu'elles sont partagées. Je suis ravi de te lire ici, chez nous.
Bonne et douce journée,
Geontran.
je découvre ton blog par le jeu des clics, j'ai lu quelques pages, tu seras heureuse dans ton jardin, parce que visiblement tu es douée pour le bonheur
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